Non au crucifix dans les écoles, mais oui au voile islamique?
- ASVI
- il y a 7 jours
- 6 min de lecture
Le Tribunal fédéral préfère les symboles islamiques aux symboles chrétiens
Par Giorgio Ghiringhelli
paru dans Il Mattino della Domenica du 9 novembre 2025 - Traduction ASVI
Comme la grande Oriana Fallaci, je me définis comme un athée-chrétien. Cela semble contradictoire, mais ne l’est pas. Je ne crois pas en l'existence d'un Dieu, et donc d'un point de vue religieux, je suis athée. Mais je suis né et j'ai grandi dans un pays chrétien, et donc, que je le veuille ou non, ma culture est imprégnée de christianisme. C'est pourquoi cela ne me dérange pas de voir une croix, que je considère comme un symbole universel d'amour pour son prochain, car Jésus s'est fait crucifier pour racheter les péchés de toute l'humanité. En revanche, cela me dérange de voir le voile islamique, symbole de la soumission de la femme à l'homme et étendard propagandiste d'une religion qui prêche la haine et la violence envers tous les infidèles et qui, sur les instructions de Mahomet lui-même ("celui qui change de religion, tuez-le"), prévoit de punir de mort les apostats, c'est-à-dire les musulmans qui se convertissent à d'autres religions ou qui se déclarent athées. Cette règle barbare, outre qu'elle est contraire à la Déclaration universelle des droits de l'homme, est également en contradiction avec notre Constitution fédérale, qui stipule à l'article 15 que "la liberté de croyance est garantie" et que "chacun a le droit de choisir librement sa religion".
Un poids, deux mesures
Vu ce qui précède, il faudrait m’expliquer pourquoi, dans notre pays chrétien, au nom de la laïcité de l'école, on n’a pas le droit d’exposer de crucifix dans les salles de classe afin de ménager la sensibilité religieuse des élèves et des parents ayant des convictions différentes (arrêt du Tribunal fédéral du 26 septembre 1990) et qu'en revanche, au nom de la liberté religieuse, il n'est pas possible d'interdire aux élèves musulmanes de porter le voile islamique en classe, comme l'a jugé à plusieurs reprises le même Tribunal fédéral. Le voile n'est-il pas susceptible d'offenser la sensibilité religieuse des élèves et des parents, bien plus encore que le crucifix qui symbolise tout de même la religion prédominante dans le pays ? Et pourquoi favoriser un symbole de l'islam politique qui, à bien des égards, est en conflit avec la Constitution et d'autres normes suisses, comme l'a bien démontré l'islamologue Sami Aldeeb – un Palestinien chrétien vivant près de Lausanne – dans son livre "Comparaison entre les normes suisses et les normes musulmanes"? Soit dit en passant, en 2021, j'avais offert ce livre en cadeau aux dix députés tessinois qui siégeaient alors aux Chambres fédérales, à nos cinq conseillers d'État et à une quinzaine de journalistes. La musulmane zurichoise d'origine tunisienne Saïda Keller-Messahli, fondatrice en 2004 d'un forum pour un islam progressiste et farouche opposante à toute forme de voile islamique, a tout à fait raison lorsqu'elle accuse sans détour dans son livre "La Suisse plaque tournante de l'islamisme", les politiciens d'avoir non seulement trop longtemps sous-estimé la propagation de l'islamisme au nom des droits de l'homme, mais aussi de l'avoir délibérément ignorée, au lieu de pratiquer une politique de tolérance zéro à l'égard des islamistes et de leurs revendications.
Une norme nationale est nécessaire
Récemment, le Conseil fédéral a répondu négativement à un postulat du Parlement qui lui demandait d'évaluer l'introduction d'une norme légale interdisant le port du voile dans les crèches et les écoles aux élèves de moins de 16 ans. Pour justifier sa décision, le gouvernement a déclaré que, conformément à la Constitution, le secteur scolaire et la réglementation des relations entre l'Église et l'État relèvent de la compétence des cantons. Et en effet, certains cantons ont tenté d'interdire le port du voile islamique par les élèves ou, de manière plus neutre, d'interdire tout type de couvre-chef en classe. Mais toutes ces tentatives ont été rejetées par le Tribunal fédéral, qui les a jugées contraires à la liberté religieuse et donc inconstitutionnelles. Alors, qu'attend-on pour modifier la Constitution ou adopter une norme nationale garantissant aux cantons une réelle compétence accrue dans ce domaine? Au cours des dernières semaines, le Comité d'Egerkingen, qui avait lancé avec succès dans le passé les initiatives populaires visant à interdire la construction de minarets et à interdire le port du voile intégral en public, a annoncé son intention de présenter une initiative parlementaire visant à élaborer une réglementation légale au niveau national pour interdire le voile islamique aux enseignantes et aux élèves dans les crèches et dans tous les niveaux scolaires, de l'école primaire à l'université. Nous verrons bien, même si une initiative populaire constitutionnelle aurait peut-être plus de chances d'aboutir. En attendant, au niveau cantonal, il reste toujours la possibilité d'introduire des règles interdisant au moins aux enseignants d'afficher des symboles religieux, étant donné que sur ce point, le Tribunal fédéral avait déjà précisé, dans un arrêt de 1997 concernant une affaire dans le canton de Genève, qu'il était possible, sous certaines conditions, d'interdire par exemple à une enseignante de porter le voile islamique.
Les exemples de la France et de l'Autriche
Il convient de noter qu'en France, une loi interdisant les symboles religieux dans les écoles, y compris pour les élèves, est en vigueur depuis 2004. Cette décision avait été prise principalement dans le but de freiner la diffusion croissante du voile islamique (une diffusion mise en évidence dans un rapport de 37 pages, connu sous le nom de "Rapport Obin", publié dans son intégralité sur le site Guastafeste et dont la lecture est vivement recommandée aux politiciens, aux juges et aux journalistes: (http://ilguastafeste.ch/obin.pdf ). À l'époque, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait rejeté le recours de deux élèves musulmanes qui, au nom de la liberté de religion, avaient contesté cette interdiction. On peut donc se demander pourquoi, si la CEDH estime qu'il est possible d'interdire le port de symboles religieux aux élèves des écoles françaises, notre Tribunal fédéral ne peut pas en faire autant. Ces dernières semaines, le gouvernement autrichien a également présenté un projet de loi visant à interdire le port du voile islamique aux élèves de l'enseignement obligatoire (public et privé) jusqu'à l'âge de 14 ans. Une interdiction similaire, décidée en 2019, avait été rejetée par la Cour constitutionnelle car jugée discriminatoire à l'égard d’autres religions. On ne sait pas encore si les juges l'approuveront cette fois-ci. Mais au moins, contrairement au gouvernement suisse, le gouvernement autrichien montre qu'il a compris que dans notre société, toutes les filles doivent avoir les mêmes chances et que la tolérance dont ont fait preuve jusqu'à présent plusieurs pays européens à l'égard du voile, imposé par des parents islamistes à leurs filles dès l’école enfantine, a eu des effets désastreux sur le plan de l'intégration.
Une pétition rejetée en 2010
Pour conclure, je réaffirme que si, au nom de la laïcité, le Tribunal fédéral a décidé que les croix n'avaient pas leur place dans les salles de classe, alors, à plus forte raison, le voile islamique devrait également être interdit dans les écoles obligatoires, fréquentées par des élèves mineures et donc facilement influençables. Et je le soutiens depuis longtemps. Le 11 janvier 2010 déjà, j'avais présenté au Grand Conseil tessinois une pétition demandant l'interdiction du voile islamique dans les écoles obligatoires. Le 9 novembre de la même année, le Parlement a rejeté la pétition, avec pour motif mal avisé que le problème n'existait pas, car aucun cas de fillette voilée n'avait été signalé dans les écoles primaires, et sur 13’169 élèves fréquentant les collèges et le lycée et les écoles professionnelles, on n'en comptait que 10 (certes, mais la comparaison devait être faite uniquement avec les élèves musulmanes, qui n'étaient alors probablement que 200 à 300). Il serait intéressant de faire le même recensement aujourd’hui...
Rien n’interdit définitivement les crucifix dans les écoles
En relisant ces derniers jours l'arrêt rendu en 1990 par le Tribunal fédéral (concernant la commune tessinoise de Cadro), selon lequel l'exposition de crucifix dans les salles de classe portait atteinte à la neutralité confessionnelle de l'État prévue par la Constitution, mon attention a été attirée par la conclusion suivante : "Le jugement aurait peut-être été différent s'il s'était agi de statuer sur la présence du crucifix dans les locaux scolaires à usage commun, tels que le hall d'entrée, les couloirs, le réfectoire ou, bien sûr, le local destiné au culte ou la salle où est dispensé l'enseignement facultatif de la religion". Intéressant, n'est-ce pas ? Mais il y a plus. Dans son arrêt du 18 mars 2011, la CEDH (dans l'affaire Lautsi contre Italie) avait établi que l'exposition du crucifix dans les salles de classe publiques ne violait pas le droit à l'éducation, car elle ne constituait pas un endoctrinement forcé et que l'État devait avoir la liberté de montrer la culture majoritaire. Alors, chrétiens suisses, sortez de votre léthargie et, en dépit des décisions autodestructrices et dépassées des juges fédéraux, battez-vous pour faire revenir les crucifix dans les salles de classe et pour en expulser les voiles islamiques !



